La vidéosurveillance remplacera-t-elle la surveillance humaine ?

Les systèmes de vidéosurveillance, qu’il s’agisse de domaines privés ou publics, sont de plus en plus performants et se déclinent en plusieurs objets. Cette technologie pourrait-elle un jour se passer des hommes ?

Rôles de la vidéosurveillance

La vidéosurveillance permet d’avoir l’œil sur une habitation, une entreprise ou des espaces publics en temps réel. Dans un usage privé, la vidéosurveillance enregistre les mouvements de passage de l’espace extérieur. Il y a même des caméras de chasse qui détecte les moindres mouvements. Puis, il y a la caméra pour les colliers de chiens et chats pour surveiller leur trajet. Des caméras sont aussi intégrées aux clés de voiture. À l’intérieur, les concepteurs rivalisent d’idées originales. De la surveillance de la chambre d’enfant ou de personnes dépendantes aux rasoirs avec caméra intégrée (pour surveiller la salle de bain par exemple) aux détecteurs de fumée caméra, plusieurs gadgets sont proposés avec une caméra intégrée. Pour les entreprises, la vidéosurveillance est présente pour dissuader des actes de malveillance, fournir différentes preuves auprès des assurances et des tribunaux, compter les flux de circulation, contrôler la bonne marche des opérations de caisse, surveiller l’accès à certaines zones. Dans l’espace public, la vidéosurveillance est utilisée pour prévenir le terrorisme et la criminalité. Ces derniers temps, la vidéosurveillance n’a cessé de se sophistiquer entre comptage des passants, reconnaissance faciale, lecture de plaques d’immatriculations, accès aux fichiers de personnes interdites de présence sur un endroit, entre autres.

La place de la compétence humaine

La vidéosurveillance devient une haute technologie capable de se développer avec différents objets connectés. De toute évidence, la technologie est de plus en plus importante pour la surveillance des biens. Le rapport à l’image qui s’est développé avec les smartphones et tablettes, a permis un boum de la réception d’images des différentes caméras installées sur n’importe quel support, que ce soit pour les particuliers ou les entreprises. Même si la performance de la technologie devient de plus en plus pointue, on ne peut pas se passer de la présence humaine qui l’utilise pour analyser les images, attraper un malfaiteur, décrypter un comportement et bien d’autres. La rapidité de l’information, la bonne qualité des images et la performance des algorithmes sont exploitées par un humain. L’intervention humaine est donc nécessaire pour l’exploitation de la vidéosurveillance. Puis, les caméras ne sont pas encore entièrement autonomes mais les concepteurs sont persuadés que des technologies qui repèrent une infraction et qui appellent les agents de sécurité ou les forces de l’ordre viendront dans le futur.

La CNIL surveille de près

Comme la vidéosurveillance est une technologie numérique, elle relève du ressort de la CNIL. Cependant, la CNIL ne voit pas d’un très bon œil le fichage des salariés avec leur photo, leur nom et leur poste pour avoir accès à l’entreprise. Selon la CNIL, on peut éviter d’y avoir recours en utilisant tout simplement des badges et un contrôle d’agent de sécurité, la reconnaissance faciale serait trop intrusive. L’identification à l’aide des technologies n’est donc pas compatible avec la loi française et les entreprises qui y ont recours risquent d’être pénalisées à cause de l’atteinte à la vie privée. L’utilisation de la reconnaissance faciale nécessite une autorisation de la CNIL. Pour l’utilisation privée, la vidéosurveillance doit être adaptée au lieu, l’espionnage d’une personne est condamnable. Mais la CNIL se contente de donner quelques recommandations concernant l’usage privé afin d’éviter les dérives. La France fait partie des plus sévères d’Europe en matière de protection de la vie privée.

Des améliorations qui se font attendre

Il y a quelques années, les concepteurs de caméras de vidéosurveillance promettaient de la détection automatique d’anomalie. À ce jour, les fabricants modèrent leur ambition et préfèrent plutôt renforcer la fiabilité des réalisations existantes que mettre en place des moyens pour développer d’autres produits innovants. Ils préfèrent affiner le système de détection de mouvement, la reconnaissance faciale, la suppression des fausses alertes ou encore l’identification de présence (animale, humaine). En même temps, les technologies qui existent actuellement sont parfaitement adaptées aux besoins des particuliers et des entreprises. Les systèmes actuels de vidéosurveillance permettent tout de même de différencier un enfant d’un chat. Ils peuvent également protéger des zones sensibles ou permettre, par exemple, aux animaux de circuler dans certaines pâturages, entre autres. En plus, 80% des commandes des clients concernent les caméras de vidéosurveillance standards qui n’offrent que l’enregistrement des mouvements. Les clients se tournent plus vers la haute définition, le zoom et la simplification d’angle de vue. On est maintenant habitué à une bonne qualité de vidéo grâce au développement de la bande passante permettant le transfert de données lourdes par Internet.

Les Français préfèrent la présence humaine

Selon l’Agora des directeurs de la sécurité, en 2013, 75% des Français aimeraient que les vidéosurveillances soient plus présentes dans les lieux publics et les transports en commun. Ils acceptent plutôt bien la présence des caméras mais ils ont une préférence pour la présence humaine. De toute façon, pour intervenir sur un lieu d’anomalie, la présence humaine est indispensable, il y a plusieurs choses que la technologie ne peut pas remplacer tels les policiers et les agents de sécurité. L’acceptation de la présence de la vidéosurveillance ne signifie pas être à longueur de temps surveillé. En 2015, la CNIL a interdit à Apple de filmer ses employés sans raison particulière. Elle a déclaré que l’orientation de la vidéosurveillance vers un salarié n’est seulement autorisée que dans des postes comme croupier d’un casino. La législation veille également à la protection intime des personnes comme les toilettes, les douches, les vestiaires, les salles de pause et de détente, les locaux syndicaux et bien d’autres. La vidéosurveillance sert à la sécurité, pas à la surveillance des employés. Les dirigeants d’entreprise agissent souvent sans être en conformité avec la loi car ils ne sont pas au courant des règlementations en vigueur. Les commerçants, par exemple, doivent afficher une indication de présence de vidéosurveillance et doivent demander une autorisation pour cela. Les images qui n’ont pas fait l’objet de déclaration auprès des représentants du personnel, de la préfecture, de la CNIL en utilisant le formulaire “vidéoprotection”, ne seront pas validées par le tribunal en cas de litige.